Prise dans le Ressac : Le mythe de Méduse ou comment survivre le carré Mars-Uranus
- Heather Louise

- 12 juin
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 juin
Je vous écris depuis la côte pacifique du Mexique, là où l’océan initie. Hier, j’ai fait la rencontre brutale du courant du ressac ! À peine un orteil dans l’eau, la mer m’a happée : une vague m’aspirait vers le large pendant que le sable me tirait vers le fond. Entre deux forces opposées, j’ai été projetée dans un instant suspendu - entre panique et abandon.
Et pourtant, j’étais prévenue. Un grand panneau planté dans le sable expliquait très clairement quoi faire en cas de ressac :
« Ne combattez pas le courant. Laissez vous flotter » Et le plus surréaliste ? Ce panneau était rédigé… en français ! Ici, au fin fond du Mexique, sur une plage où personne ne parle français, l’univers a choisi de m’avertir dans ma langue maternelle ! Une synchronicité hallucinante, presque moqueuse, sur la manière de traverser cette période... Comme si tout était déjà écrit - au sens littéral.

Ayant échappé de peu à la noyade, mon premier réflexe fut de consulter les transits astrologiques. Et là, bien sûr : un carré exact entre Mars et Uranus. Mais ce n’était pas tout. En y regardant de plus près, j’ai réalisé que ce transit formait pour moi un grand carré presque parfait entre :
• Mars en Lion (en transit),
• Uranus en Taureau (en transit),
• Mon Mars natal en Verseau, et
• Uranus natal en Scorpion.
Un grand carré en signes fixes, dans toute sa splendeur. Autrement dit : une croix tendue à quatre bras - feu, terre, air, eau - me poussant à la limite de ce que le corps, le cœur et le système nerveux pouvaient contenir.
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MARS CARRÉ URANUS : LA FOUDRE DANS LE CORPS
Ce carré entre Mars (le feu de l’action) et Uranus (la foudre du changement) est l’un des aspects les plus imprévisibles et explosifs de l’année.
Il incarne une tension entre :
• Mars en Lion : volonté d’affirmation, désir d’agir, pulsion vitale qui cherche sa scène.
• Uranus en Taureau : secousse tellurique, besoin de déstabiliser les certitudes incarnées, révolution du rapport au corps et à la matière.
Lorsqu’un tel aspect se forme, on peut ressentir :
• des accidents ou ruptures soudaines, aussi bien concrètes que symboliques ;
• des réactions émotionnelles imprévisibles - colère, refus, libération ;
• une poussée de vie qui oblige à briser la structure pour laisser passer l’inattendu.
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LE PIC : 15 juin 2025 à 28°54
Le carré exact a lieu le 15 juin 2025, à 28°54 du Lion (Mars) et 28°54 du Taureau (Uranus).
Un degré limite, presque 29°, celui qu’on appelle le degré de la crise finale - là où l’énergie est à son comble, presque intenable.
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LECTURE KARMIQUE
Ce carré en signes fixes vient activer les structures profondes et souvent inconscientes de l’être. La spécialiste de l’astrologie karmique Judy Hall rappelle qu’un carré impliquant les signes du Taureau, du Lion, du Scorpion ou du Verseau reflète une problématique ancienne que l’âme porte depuis plusieurs incarnations. Lorsqu’un tel aspect se manifeste à l’échelle collective, il peut offrir une opportunité rare : celle de confronter une blessure primordiale et d’initier un véritable processus de guérison pour nous-mêmes, et pour le monde.
Dans le système IFS (Internal Family Systems), Mars et Uranus activent des parts opposées :
• des protecteurs impulsifs ou rigides (Mars en Lion ou en Verseau),
• et des exilés enkystés dans des mémoires corporelles ou transgénérationnelles (Uranus en Taureau ou Scorpion).
Ce type de configuration peut réveiller :
• une colère d’enfant jamais exprimée face à une autorité parentale ;
• un traumatisme familial de rébellion écrasée ou de soumission générationnelle ;
• une mémoire cellulaire de bannissement, de trahison, de déracinement.
Ce carré, surtout en grand carré, peut réveiller la phrase silencieuse d’une lignée :
“Il ne faut pas faire de vagues.”
Mais voilà… le carré fait des vagues. Et c’est peut-être à travers elles qu’une nouvelle liberté peut émerger.
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MÉDUSE - LA RAGE PÉTRIFIÉE
Il y a, dans l’énergie de ce carré, quelque chose de brutalement féminin. Une colère ancienne, contenue depuis trop longtemps et qui, aujourd’hui, cherche à se libérer.
J’aurais pu parler de Lilith. Mais s’il fallait une figure pour incarner ce carré, ce serait Méduse.
Avant d’être un monstre, Méduse était une prêtresse vierge d’Athéna, gardienne d’un temple sacré. C’est là qu’elle fut violée par Poséidon. Et c’est elle, non lui, qui fut punie : Athéna la transforma en Gorgone, condamnant son regard à pétrifier quiconque le croiserait. Ses cheveux devinrent serpents. Son corps, interdit.
Dans cette image, on lit :
• Mars, l’agression est le feu qui transgresse.
• Uranus, la métamorphose est la rupture de la forme humaine.
• Le carré, le moment de fracture, d’exil, de bannissement du corps.

Ce carré Mars-Uranus réveille en chacun·e une part de Méduse :
celle qui fut profanée, trahie, punie pour avoir été trop belle, trop vivante, trop libre ; celle qui pétrifie pour ne plus jamais être blessée ; celle qui détient un pouvoir sacré et sauvage qu’on a voulu faire taire.
C’est l’archétype de la femme “trop”…
Punie par les hommes pour être trop,
et trop souvent punie par les femmes aussi.
Trop visible sans l’avoir cherché.
Trop désirée jusqu’à l’abus.
Trop libre, simplement parce qu’elle a appris à ne compter que sur elle-même.
Punie d’être trop,
alors qu’elle passe sa vie figée dans la terreur du rejet,
et dans ce sentiment glaçant de ne jamais être assez.
Dans son bannissement, Méduse devient le miroir de toutes celles qu’on a transformées en monstres pour ne pas avoir à écouter leur cri.
Et ce cri, parfois, ne sort plus. Il s’enkyste. Il descend dans le corps. Parfois, il s’installe dans la poitrine. Il fige dans le sein.
Un sein pétrifié, non par la peur, mais par la rage muette d’avoir trop donné. D’avoir aimé jusqu’à l’épuisement. Offert sans retour. Porté sans relâche.
Jusqu’à ne plus savoir si c’était encore de l’amour…
ou simplement une tentative désespérée d’être “assez”.
Douces pensées à mes sœurs qui ont développé un cancer du sein. Cette douleur de l’amour devenu surcharge. Du don devenu trop. Du cœur devenu pierre. Il y a une ligne fine entre “trop” et “assez”. Et peut-être que ce carré est là pour nous aider à la retrouver.
À ne plus nous excuser d’être puissantes.
À ne plus nous contracter pour être acceptées.
À ne plus offrir le sein en rançon pour garder la paix.
Ce carré Mars–Uranus, dans sa brutalité,
ne nous demande pas tant de force… que de vérité.
Et parfois, dire la vérité,
c’est simplement oser murmurer :
J’ai eu peur. J’ai eu mal. J’en ai assez de me battre.
C’est reconnaître que l’on est fatiguée d’être forte.
Qu’on aimerait simplement être tenue,
vue, reçue sans devoir mériter, prouver, ou contrôler.
Il se peut qu’à l’endroit même où l’énergie
nous déchire (dans la cage thoracique, dans le plexus, dans le sein), se dessine aussi une porte vers une douceur nouvelle. Non pas celle qui se fait petite pour survivre, mais celle qui s’offre pleine, entièrement vulnérable, ancrée dans sa tendresse.
Alors peut-être que cette vague, ce carré, ce cri… ne sont pas là pour nous punir, mais pour nous ramener à la rive.
À la rive de nous-mêmes.
À cette part que l’on croyait perdue dans la tourmente, et qui revient, doucement, habiter le corps.
Là, peut-être, réside notre liberté. Pas dans le contrôle, mais dans la permission d’être profonde, vulnérable et infiniment vivante.
Et si l’on revient à Méduse, elle n’est pas seulement un symbole de terreur. Elle est celle que l’on ose enfin regarder en face - notre blessure la plus ancienne, et qui, dans ce face-à-face, ouvre la voie de la renaissance. De son sang naissent Pégase et Chrysaor : la vision ailée et l’or caché. Preuve vivante que de la rage transmutée peuvent jaillir une puissance et une beauté réconciliées.
Alors, allons aimer nos parts les plus sombres - celles que l’on cache, celles qu’on a voulu faire taire.
Offrons-les au monde avec tendresse, comme on offre une vérité nue.
C’est ainsi que l’on s’élève.
C’est ainsi que l’on retrouve l’or du monde
celui que nous portons,
enfoui depuis toujours,
dans le sanctuaire de nos blessures les plus profondes.
Et peut-être qu’en déposant au monde
ce que Méduse portait en silence,
cette rage pétrifiée devient semence de guérison - pour nous,
et pour toutes celles qui furent bannies avant nous.




